dimanche 22 mai 2011

Bande Son du 10 mai 2011, part III

Dernière partie de la B-S :

Place aux présentations de Pierre-Yves :
  • Paul Simon Getting ready for christmas day
  • Miles Kane Colour Of The Trap
  • Catherine Ringer Vive l'amour
-Paul Simon Getting ready for christmas day

Un des premiers albums de World music, il fut accusé en son temps de pillage. Les influences extérieures tels que les rythmes africains s'intègrent harmonieusement dans la mélodie. Par moment, on retrouve le Paul Simon New-yorkais, il incarne en quelque sorte sa propre tradition.

-Miles Kane Colour Of The Trap
Énième renouveau de la pop anglaise ou véritable phénomène? Toujours est-il que Kane réussit à synthétiser les influences en s'en affranchissant. On y a vu le pendant générationnel de Paul Weller (dont il fut question ici), le même projet musical mais fait par un garçon de 25 ans.



-Catherine Ringer Ring n'Roll

Catherine Ringer est bien vivante et ça fait plaisir. Après un cap difficile à passer, elle réussit à sortir un bon album où l'on retrouve tout ce qui nous plaît chez elle : son extravagance, sa gouaille et son univers unique.

Et pour terminer cette dernière Bande-Son de l'année en beauté, Julien et Sébastien nous ont apporté leurs productions personnelles.

Honneur à Julien qu'on connaît bien ici en tant qu'auteur de l'Instant métal. On le retrouve cette fois pour un projet personnel et ambitieux puisqu'il nous a présenté une de ses compositions produites à la maison avec très peu de moyens et beaucoup d'envie. La guitare c'est lui, le chant c'est lui, la batterie et le synthé c'est lui aussi. Ses références vont du hardcore au deathmetal mais le rendu sonne plutôt punk. Et puis, surprise (il semble l'être autant que nous), on qualifierait bien l'essai de rap-metal tant la voix est posée sur les instrus comme un flow.
Un grand merci à Julien de nous avoir fait partager son travail et de nous avoir fait découvrir l'univers du métal tout au long de l'année.

Sébastien, nouveau venu dans la Bande-Son, a présenté l'album auto-produit de son groupe Antid'hot.
L'album a été enregistré à la maison et le groupe répète aux Abattoirs à Bourgoin-Jallieu. Antid'hot propose un rock alternatif dans lequel se mélangent une voix masculine (celle de Sébastien) et une voix féminine, des chansons pop, d'autres plus rock, des styles assez variés selon les morceaux. Le groupe est formé depuis 2004 et vient de sortir un disque que vous trouverez prochainement dans les bacs de la médiathèque. Le groupe a déjà tourné dans la région. L'album a permis de finaliser 7 ans de travail et de franchir une nouvelle étape.

Merci à tous les participants de cette soirée et de l'année. On se retrouve la saison prochaine avec cette fois un rendez-vous par mois. D'ici là, n'hésitez pas à venir partager vos musiques à l'espace image et son de la médiathèque ou sur le blog.

vendredi 20 mai 2011

Bande Son du 10 mai 2011, part II

Deuxième partie de la B-S :

Christian nous a ensuite présenté trois artistes :
  • François Couturier Tarkovski quartet
  • Caecilie Norby Arabesque
  • Isabelle Druet Jardin nocturne
-A l'occasion de leur passage à l'amphi de l'opéra de Lyon, Christian a pu voir le Tarkovski quartet composé du pianiste François Couturier, de la violoncelliste Anja Lechner, de l'accordéoniste Jean-Louis Matinier et du saxophoniste soprano Jean-Marc Larche.

François Couturier a sorti une série de disques en hommage au réalisateur russe Tarkovski. Il entretient un rapport particulier avec le cinéma, on se souvient de sa participation dans le film l'étudiante de Claude Pinoteau avec Sophie Marceau. Il est déjà passé au festival Jazz-à-Vienne dans les années 90.



A noter la belle salle que propose l'opéra de Lyon, l'amphi, avec peu de spectateurs et une proximité physique avec les musiciens pour une ambiance plus intime.

-Nous avons découvert la chanteuse de jazz norvégienne Caecilie Norby et son album Arabesque.

Un album dans lequel on peut entendre des airs de musique classique du début du XXème siècle. On a d'ailleurs reconnu une mélodie d'Erik Satie dans l'extrait écouté.

-Enfin Isabelle Druet pour Jardin nocturne.

Sur cet album, l'artiste lyrique adapte des poèmes de Baudelaire, Hugo ou encore Gaston Couté.
Retenons qu'elle collabore à l'ensemble "le poème harmonique" et qu'elle chante aussi dans un CD que nous avons présenté lors de la précédente Bande-Son : Combattimenti de Monteverdi.

On passe au hip-hop avec les présentations de Morgan :
  • Dels Gob
  • Psykick Lyrikah Derrière moi
  • Zone Libre vs Casey & B. James Les contes du chaos
-Dels Gob

Dels vient d'Angleterre et ça s'entend : flow "prolétaire", hip-hop électro teinté de grime et univers atypique, aux antipodes des grosses productions américaines sans âme. Pour ce premier album, il a su bien s'entourer avec des producteurs prestigieux, Kwes pour ne citer que lui, qu'on a également vu aux côtés du succès de l'année passée The XX. Un featuring avec la "légende" Roots Manuva et le tableau est parfait. Pour ne rien gâcher, Dels s'occupe lui-même de ses clips.



-Psykick Lyrikah Derrière moi

C'est le 4ème album de cette formation rennaise centrée autour du rappeur Arm. Au niveau du flow et des textes, la formule reste la même : une plume trempée dans une encre noire et une diction fatiguée mais nette. Le style d'Arm est unique dans le milieu du rap, un mélange d'introspection et de pudeur. Les productions par contre vont vers plus de simplicité, elles sont plus épurées et plus efficaces. Les mots du rappeur n'en ressortent que mieux.

-Zone Libre vs Casey & B. James Les contes du chaos

Cet album est la deuxième réunion du trio rock Zone Libre (Serge Teyssot-Gay ex-guitariste de Noir Désir, Marc Sens guitariste et Cyril Bilbeaud ex-batteur de Sloy) et de 2 rappeurs. Le premier album avait réuni Zone Libre avec Casey et Hamé. Cette fois-ci, Casey est encore dans l'équipe mais avec son acolyte B. James. Reprenant la formule du premier album, un rap conscient et agressif sur un son rock et très sombre, ce deuxième volet réussit la prouesse de nous amener plus loin que le précédent. Il le doit notamment aux qualités techniques impressionnantes de Casey : maîtrise de la langue, émotivité du flow et sens aigu de la punchline. On en avait déjà parlé ici.

La dernière partie très prochainement.

mercredi 18 mai 2011

Bande Son du 10 mai 2011, part I

Compte-rendu de la dernière Bande-Son de la saison qui nous a réuni le 10 mai dernier. Une Bande-Son en plusieurs temps avec nos découvertes et les nouveautés, une sélection de Christian et les productions musicales personnelles emmenées par les participants.

Mais pour commencer il a été question de l'avenir de la Bande-Son et de la Bande-Annonce, les deux animations régulières de l'espace image et son de la médiathèque. Nous avons proposé de mensualiser les séances. Une fois par mois la Bande-Son et la Bande-Annonce plutôt que l'un ou l'autre comme cela a été le cas cette année. Nous avons également proposé des rendes-vous à l’extérieur pour découvrir des concerts ensemble mais si la formule paraît facile à mettre en place pour le cinéma, cela a semblé plus compliqué pour la musique (notamment sur le plan de l'organisation). Au final, l'idée de mensualiser le rendez-vous a été retenue et pourquoi pas d'organiser quelques sorties ponctuellement.

Place à la musique avec les présentation d'Anne-Gaëlle :
  • Cold War Kids Mine is yours
  • Metronomy The English riviera
  • Nicolas Jaar Space is only noise
-Cold War Kids Mine is yours

Leur passage au Transbordeur pour le 11 mai a été l'occasion de parler de leur 3ème album. Résolument plus pop et très produit, les CWK prennent un virage, dans la même veine que les Kings of Leon (ils ont d'ailleurs le même producteur), en héritiers de U2. Le morceau Louder than ever n'est pas fait pour contredire ce nouveau statut de groupe de stade.



-Metronomy The English riviera

Proclamé meilleur album de l'année (?), il faut reconnaître que le 3ème album des Anglais de Metronomy a de sérieux arguments. Un son riche fourmillant de détails, une pop music influencée par l'électro et un gros travail sur les niveaux de voix. Et puis les pochettes de leurs albums sont toujours délicieusement affreuses.

-Nicolas Jaar Space is only noise

C'est le premier album de ce New-yorkais de 21 ans. Culture française, musique classique du début du XXème, voilà pour les références. Sa musique est à la limite de la musique minimaliste ou expérimentale. C'est plus une ambiance qu'une véritable mélodie. Précoce, Nicolas Jaar l'est particulièrement avec un premier maxi enregistré à 14 ans. Le phénomène sera au festival Nuits sonores à Lyon le vendredi 3 juin.

La suite de la B-S dans quelques jours.

samedi 7 mai 2011

La Bande-Annonce du 19 avril 2011 : Troisième tiers temps

Dernière partie de la B-A :

"L'évènement" de la soirée : Pee Wee, le premier film de Tim Burton
Le Synopsis : Pee Wee, un adulte qui ressemble à un enfant, s'apprête à passer une belle journée avec l'amour de sa vie : sa bicyclette. Mais cet objet vient d'être volé par le méchant Francis. Pee Wee part à la recherche de son amour perdu et nous entraîne dans des aventures de plus en plus burlesques.



Pee Wee précède Beetlejuice dans la filmographie de Burton. Le réalisateur a d'abord travaillé pour Disney. Dans ce premier film personnel, il met en scène un superhéros inversé, Pee Wee Herman, corps d'homme, tête d'enfant. Humour absurde et décalé, esthétique psyché, un peu kitsch, les clés de l'univers burtonien sont déjà là.

Place aux séries avec The Sopranos créée par David Chase
Le Synopsis :
Chef de la mafia et père de famille, Tony Soprano confie ses angoisses au Dr Jennifer Melfi, son psychiatre.



Une série commencée en 1997. Une plongée dans la mafia italienne du New-Jersey, la vie de Tony et de ses proches, Tony le parrain qui a la particularité de faire des crises d'angoisse, gênant pour un gangster.
La série est bien montée avec une belle bande-son et elle a révolutionné l'esthétique de la mafia en montrant un système normal, intégré dans la société américaine. On voit que la mafia aussi a des problèmes familiaux. Le traitement des personnages est psychologique et non comique. Ceux-ci sont attachants, malgré ce qu'ils commettent, ils sont humains. Les saisons se suivent avec une évolution de la psychologie des personnages et des vrais coupures entre chaque saison.
Notons l'apparition de Steve Buscemi dans plusieurs épisodes, il en réalisera même quelques uns par la suite.

Dans les bacs de la médiathèque, circulent déjà les séries Twin Peaks ; Reporters ; True blood ; Rome. Réservez ou vérifiez la disponibilité sur le portail de la médiathèque.

Pour terminer, nous avons parlé des derniers films vus par certains d'entre nous, récents ou non.

Le pont de la rivière Kwaï de David Lean
L'histoire forte d'un militaire britannique qui refuse qu'un Japonais commande ses hommes.

Bright star de Jane Campion
L'histoire d'amour et la fin tragique du poète John Keats vues par la réalisatrice de La leçon de piano.

Tsar de Pavel Lounguine ; nous en avions déjà parlé ici. Relatant un épisode de la vie d'Ivan le terrible, Tsar aborde les problématiques du bien, du mal, de l'Apocalypse et de la montée de la folie. Il montre un tsar en quête d'un alter ego, d'une limite et effrayé par le jugement dernier, le sien et celui de son peuple.

Le sorgho rouge de Zhang Yimou, le premier western chinois, dont voici le Synopsis :
Les années 30, dans un village au nord-est de la Chine, au cours de l'invasion japonaise. Après la mort de son père, une jeune héritière d'une propriété exploitant le sorgho organise la résistance face aux envahisseurs qui détruisent ses récoltes.

Merci à tous les participants, la prochaine B-A : Mardi 7 juin à 20H.

jeudi 5 mai 2011

La Bande-Annonce du 19 avril 2011 : Deuxième tiers temps

Suite de la B-A, on continue avec l'actualité.

Black Swan de Darren Aronofsky, un des dommages collatéraux du succès du Discours d'un roi
Le Synopsis : Rivalités dans la troupe du New York City Ballet. Nina est prête à tout pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes que dirige l’ambigu Thomas. Mais elle se trouve bientôt confrontée à la belle et sensuelle nouvelle recrue, Lily...



Un film dérangeant avec des scènes crues et du suspense. La réussite du film tient à la profondeur du personnage principal : mise sous pression, enfermée, elle est piégée dans son rêve de gloire, obsédée par la réussite, le succès. Elle plonge dans la folie et le spectateur avec elle, victime de ses hallucinations. Il y a là un mélange intéressant : qu'est-ce qui est de l'ordre du fantasme, de la vérité ou de la folie?
Il s'agit avant tout d'une histoire de danse, de la rigueur dans la danse classique. C'est une adaptation du lac des cygnes avec le cygne blanc d'un côté qui symbolise la pureté, la perfection et de l'autre le cygne noir, la part sombre.
Le réalisateur est à la base un directeur photo. Il accorde donc un traitement particulier à l'image, au grain, aux lumières.
On a été séduit par plusieurs trouvailles : le thème du passage, de l'ombre à la lumière, des coulisses à la scène, du domicile au travail via un angoissant métro. L'enfermement généralisé de la danseuse que ce soit sur la scène ou dans sa propre peau, comme coincée dans un cocon, dans sa chrysalide. Et enfin le travail sur la lumière, inquiétante, artificielle ou intime.

Essential killing de
Jerzy Skolimowski
Le Synopsis : Capturé par les forces américaines en Afghanistan, Mohammed est envoyé dans un centre de détention tenu secret.
Lors d’un transfert, il réchappe d’un accident et se retrouve en fuite dans une forêt inconnue.
Traqué sans relâche par une armée sans existence officielle, Mohammed fera tout pour assurer sa survie.




Grand prix du jury à la Mostra de Venise en 2010 avec le prix d'interprétation pour Vincent Gallo dont la prestation est époustouflante. Dur, sans parole, Essential killing est le récit d'une fuite désespérée et perdue d'avance. Tout rejette le personnage principal, de ses semblables à la nature, hostile et austère. L'aridité des sentiments humains s'accorde parfaitement avec la majesté exclusive des décors naturels. Un film costaud, à part.

Détective Dee : le mystère de la flamme fantôme de Tsui Hark
Le Synopsis : L’histoire se déroule en Chine, en l’an 690, durant la période trouble correspondant à l’ascension de l’impératrice Wu Ze Tian.
Tout est prêt pour la cérémonie du couronnement et la petite ville de Chang-An est dans ses habits de fête. Mais une série de morts mystérieuses menace l’intronisation de Wu Ze Tian.
L’impératrice décide alors de faire appel au seul homme capable de percer ce mystère : Le juge Ti, de retour après huit ans de prison pour insolence et insubordination…



Attention les yeux avec ce blockbuster chinois qu'on s'est empressé de rapprocher du mythique Tigres et dragons. L'irrévérencieux réalisateur, Tsui Hark, n'en est pas à son coup d'essai : Histoire de cannibales, L'enfer des armes, Il était une fois en Chine, ou encore The Blade dans lequel il revisite le mythe du sabreur manchot. Le film n'était pas encore sorti le 19 avril, maintenant c'est chose faite.

Nous avons rapidement évoqué quelques uns de nos derniers achats : Le boucher de Claude Chabrol, Stromboli de Roberto Rossellini, Les camarades de Mario Monicelli, Valmont de Milos Forman.

Nous nous sommes attardés sur l'un des vainqueurs surprises de la dernière édition des césars : The ghost writer de Roman Polanski
Le Synopsis :
The Ghost, un "écrivain - nègre" à succès est engagé pour terminer les mémoires de l'ancien Premier ministre britannique, Adam Lang. Mais dès le début de cette collaboration, le projet semble périlleux : une ombre plane sur le décès accidentel du précédent rédacteur, ancien bras droit de Lang...



Dans la petite assemblée, le film a divisé.
D'un côté, ceux que le film a intéressé, le suspense omniprésent, l'atmosphère particulière avec une météo sombre pendant toute l'intrigue, le stress qui s'en dégage. Dans la lignée de Shutter island, le côté manipulateur a séduit. On y a vu une salve de Polanski contre les USA.
Ceux qui ont moins aimé ont reproché l'aspect lisse du film, à l'image d'un des personnages principaux joué par Pierce Brosnan. Mais peut-être que c'est le scénario, le sujet même du film qui entraînent ce style lisse.

Le prochain et ultime épisode de la B-A du 19 avril prochainement.

mardi 3 mai 2011

La Bande-Annonce du 19 avril 2011 : Premier tiers temps

Une nouvelle B-A en trois parties avec l'actualité des sorties, les acquisitions de la médiathèque et enfin la découverte d'une série TV et toujours les choix, les avis et les coups de cœur des participants.

On commence avec True Gritt des frères Coen.
Le Synopsis : 1870, juste après la guerre de Sécession, sur l'ultime frontière de l'Ouest américain. Seul au monde, Mattie Ross, 14 ans, réclame justice pour la mort de son père, abattu de sang-froid pour deux pièces d'or par le lâche Tom Chaney. L'assassin s'est réfugié en territoire indien. Pour le retrouver et le faire pendre, Mattie engage Rooster Cogburn, un U.S. Marshal alcoolique. Mais Chaney est déjà recherché par LaBoeuf, un Texas Ranger qui veut le capturer contre une belle récompense.



Ce western assez classique est en fait un remake d'un film avec John Wayne (100 dollars pour un shérif). On retrouve la patte des frères Coen : le goût du "démembrement", la violence un peu crasse, une galerie de personnages hauts en couleur. Sur la fin du film, il y a un côté conte de fée avec une course en pleine nature, sous l'égide d'un ciel étoilé, immense et surnaturel.
Sans être le meilleur Coen, True Gritt reste un bon film.

Winter's bone de Debra Granick
Le Synopsis :
Ree Dolly a 17 ans. Elle vit seule dans la forêt des Ozarks avec son frère et sa sœur dont elle s'occupe. Quand son père sort de prison et disparaît sans laisser de traces, elle n'a pas d'autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de perdre la maison familiale, utilisée comme caution. Ree va alors se heurter au silence de ceux qui peuplent ces forêts du Missouri. Mais elle n'a qu'une idée en tête : sauver sa famille. A tout prix.



L'occasion de reparler de ce film coup de cœur que Pierre-Yves avait déjà présenté sur le blog, à lire ici.
Une belle saga familiale dans ce qu'on pourrait appeler le 1/4 monde américain. On a apprécié le travail sur la lumière naturelle, très crue et la belle bande-son, folk et country. A remarquer aussi l'excellente actrice Jennifer Lawrence
et la réalisatrice, les réalisateurs femmes étant rares aux USA, Debra Granik.

Sur le thème des réalisatrices, nous avons parlé de la mythique Alice Guy Balché, qui a réalisé le deuxième film de l'histoire du cinéma en 1896. Pour plus d'informations, aller voir le très bon article qui lui a été consacré ici. L'occasion de vanter le blog très fourni Décalage Ciné-Club de l'association du même nom qui, en plus de proposer des projections pour les Chasselands cinéphiles offre cet outil richement documenté, pointu et néanmoins abordable. Au passage, toute collaboration sur le blog en question est la bienvenue. On retrouvera Décalage Ciné-Club dans la rubrique Vers d'autres blogs, dans la colonne de droite sur notre blog.

La surprise du box-office du début d'année : Le discours d'un roi de Tom Hooper
Le Synopsis : D’après l’histoire vraie et méconnue du père de l’actuelle Reine Elisabeth, qui va devenir, contraint et forcé, le Roi George VI, suite à l’abdication de son frère Edouard VIII. D’apparence fragile, incapable de s’exprimer en public, considéré par certains comme inapte à la fonction, George VI tentera de surmonter son handicap grâce au soutien indéfectible de sa femme et d’affronter ses peurs avec l’aide d’un thérapeute du langage aux méthodes peu conventionnelles.



Les acteurs tout d'abord : Helena Bonham Carter joue juste dans un rôle à contre-emploi, discrète. Colin Firth est très bon, crédible et touchant. En revanche,
Winston Churchill est décevant, le rôle est surjoué.
Pour l'aspect historique du film, il y a plus à redire. Si l'anecdote du bégaiement est véridique et intéressante, des éléments sont passés sous silence voire erronés. La sympathie du début pour le régime nazi par exemple. Dans le film, c'est en 1933 que le roi découvre Hitler, or les thèses du dictateur sont connues avant.
Au-delà de ces petits "errements", plusieurs réussites remarquables :
  • La dualité, finement retranscrite, entre une parole handicapée, celle du roi, celle de la démocratie et une parole maîtrisée, médiatisée, celle de la dictature.
  • La mise en scène de la parole : le temps de la radio, le temps du discours, l'impact de la parole. Le film est juste sur cet enjeu : comment une parole mal maîtrisée handicape un homme aux hautes fonctions.
  • L'ambiance délétère de la famille royale, cette famille sans familiarité. Le personnage du frère qui représente le côté décadent de la famille royale anglaise.
  • Le docteur australien, une nationalité méprisée des Anglais et qui est prié de venir en aide au roi des Anglais, joli clin d’œil de l'histoire.
  • Le discours final qui n'est pas une réussite absolue. On a été touché par cette fin pas trop facile.
  • Les lambris, le parquet qui grince et l'ambiance que tout ça dégage.
Au final, un film classique dans sa facture mais intéressant à bien des égards.

Suite de la B-A dans quelques jours.

lundi 2 mai 2011

palette musique - Seconde partie

... Poursuivons notre exploration de cette Palette musicale avec Frédéric Darricades, bibliothécaire musical pour la Médiathèque Départementale sur le site de Bron.
Ce dernier nous fait découvrir Greg Malcom, un artiste neo-zélandais qui situe sa musique entre le folk et l'expérimentation.



La posture de jeu de cet artiste dévoile ses intentions : guitare au sol, sur les genoux, utilisation des glissés (slide guitar) familiers dans la musique blues, traitement électronique des sons et des rythmes, multiplication de boucles, échantillonneurs et pédales à portée des pieds.
Sa musique extrait la transe, ce groove commun à toutes les musiques noires américaines et lui en donne une traduction moderne : psychédélique, industrielle, noisy.
Le morceau choisi pour l'écoute par Frédéric est une version à la fois familière et méconnaissable d'un morceau de la grande figure du free jazz, Ornette Coleman, datant de 1959 : "lonely woman". On y retrouve à la fois l'hommage au répertoire, la quintessence musicale et la liberté d'interprétation. Ces ingrédients permettent de faire voler en éclat les conventions et de nous faire entendre, comme un clin d'œil de l'élève au maître, ce "something else" des grands improvisateurs.
Un artiste singulier à découvrir et surtout à ne pas rater lors de ses apparitions en concert.

Pour découvrir en ligne la musique de Greg Malcom, quatre morceaux
(dont "lonely woman") sont disponibles en libre écoute sur son site myspace, cliquer ici ou sur la pochette du CD.



Greg Malcom - album : "Homesick for nowhere", Metamkine 2003, au catalogue de la Médiathèque Départementale
titre écouté : "lovely woman" (standard d'Ornette Coleman tiré de l'album de 1957 : "the shape of jazz to come")


Place ensuite au hip hop dans une version très britannique avec le dernier disque de Mike Skinner alias "The Streets", intitulé "Computer and blues". Ce CD nous est présenté par Pierre-Yves, de la médiathèque de Chassieu.



Mike Skinner est un pur produit anglais. Originaire de Birmingham, une ville que nos voisins d'outre manche traversent en fantômes (comme les touristes notre tunnel sous Fourvière), âme et tête pensante du groupe, résident londonien, notre ami a réussi à construire un style de hip hop unique au fil de cinq albums.
Devisant dans une langue au fort accent cockney (accent issu de la classe ouvrière londonienne), Skinner/The Streets nous plongent au cœur du quotidien gris, pesant, aussi plat que le col de mousse d'une pinte de Guiness, des blanc becs prolétaires anglais. Cet ancrage populaire se double de multiples emprunts à la tradition pop de son pays, elle-même rattachée historiquement à la verve prolétaire urbaine.
Album à la production minimaliste, à l'image de ces prédécesseurs, "computer and blues" révèle une richesse inouïe de composition et de mélodie, sur fond de hip hop et de soul. Cet album est aussi le dernier du groupe puisque sa fin a été autoproclamée par le leader, désormais davantage attiré par des aventures artistiques plus cinématographiques.





titre écouté : "going through hell"
album : "computer and blues", Warner 2011, Médiathèque de Chassieu


Nous terminons cette aperçu musical par un retour à la musique du début du XXème siècle. Serge, bibliothécaire musical pour la Médiathèque Départementale sur le site de Limas nous propose de découvrir un disque intitulé "das Berliner Requiem", une production enregistrée sous la direction de Paul Hillier (un directeur d'ensemble, lui-même chanteur baryton).



Ce disque regroupe des œuvres de quatre compositeurs, Kurt Weill, Paul Hindemith, Darius Milhaud, Igor Stravinsky et, on l'aura compris, possède des allures de parcours croisé, "Paris-Berlin".
Mais on nous propose ici un voyage dans une musique composée peu après le premier conflit mondial. Et Serge nous explique que ces œuvres sont marquées par cette guerre meurtrière qui a brisé net l'élan artistique de la modernité et a ébranlé en profondeur les fondations de la société née de la Belle Epoque. Cette musique s'inscrit ainsi en rupture avec les héritages du XIXe siècle : distances prises avec l'impressionnisme français incarné par la figure de Claude Debussy ainsi que rupture avec le post-romantisme allemand.
Le morceau choisi par Serge, l'octuor de Stravinsky, nous ramène à Paris. Nous sommes loin cependant du scandale provoqué par la présentation du "sacre du printemps". Cette œuvre crée en 1923 pour des instruments à vent ( 1 flûte, 1 clarinette, 2 bassons, 2 trompettes, 2 trombones) surprend en effet par son néo-classicisme : attention accordée exclusivement à la forme musicale, donnée par le jeu et la variété des timbres apportés par chaque instrument.

Une autre interprétation, en images :



Berliner Requiem (Weill, Hindemith, Milhaud, Stravinsky)
sous la direction de Paul Hillier, Naïve 2009, au catalogue de la Médiathèque Départementale
titre écouté : octuor de Stravinsky

Le collectif vous donne rendez-vous dans quelques mois pour une prochaine sélection musicale.
L'intégralité des articles de la palette musique ici.