vendredi 9 juillet 2010

Libérez la bête de Casey

Ces temps-ci, le meilleur rappeur français est une femme. Il s'agit de Casey, dont le dernier album, Libérez la bête a de quoi "faire péter une durite" à la concurrence.

En équipe avec Anfalsh et La Rumeur, ou en solo sur ses albums, son rap poursuit sa trajectoire ascendante et chaque apparition monte un peu plus le niveau. En 2006, avec Tragédie d'une trajectoire, le grand public découvre son flow, inattendu, colérique et d'une grande qualité de composition avec sens du rythme, des allitérations et des assonances. Le tout pour exprimer son malaise, sa triple peine : femme/noire/de banlieue. Ses textes travaillés avec la précision d'un orfèvre servent un discours austère et hostile. Les grands thèmes de Casey sont la colonisation et l'esclavagisme, l'exclusion et la violence d'Etat.

Casey bouge, elle collabore à de nombreux projets, posant sa voix de-ci de-là. En 2009, on la retrouve sur le projet Zone libre, un collectif qui réunit Hamé de La Rumeur, le guitariste de Noir Désir Serge Teissot-Gay, le guitariste de Yann Tiersen Marc Sens, et le batteur de Sloy Cyril Bilbeaud. De cette collaboration va naître un album, L'Angle mort, qui sera suivi d'une tournée en France.

On la retrouve un an plus tard avec ce nouveau disque, Libérez la bête, toujours plein de colère mais avec une maîtrise de plus en plus forte. Les 13 morceaux prennent à la gorge et laissent une profonde cicatrice. Casey y retranscrit ses peines, ses amertumes, ses déceptions, ses bâtons dans les roues, sans jamais geindre ni pleurer mais en nous maintenant la tête dans l'étau pour être bien certaine qu'on regardera jusqu'au bout. Il faut faire l'effort de dépasser l'âpreté du style de Casey car la rondeur des angles ne qualifient pas ses albums. Avare de tours de manche et d'effets faciles, la supériorité de Casey tient dans sa maîtrise technique hors norme. D'une authenticité sans faille, celle qui apparaît brisée en mille morceaux sur chacune des jaquettes de ses albums, ne vient pas donner la leçon mais "En pleine zone sinistrée, entre usines et bistrots//Je viens pour illustrer mon parcours de claustro", voilà qui pourrait résumer la démarche de Casey.

Le clip du très sombre Créature ratée:



Et sans doute le plus beau morceau de l'album, le plus touchant, Rêves illimités:


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