Palette musique

... Poursuivons notre exploration de cette Palette musicale avec Frédéric Darricades, bibliothécaire musical pour la Médiathèque Départementale sur le site de Bron.
Ce dernier nous fait découvrir Greg Malcom, un artiste neo-zélandais qui situe sa musique entre le folk et l'expérimentation.



La posture de jeu de cet artiste dévoile ses intentions : guitare au sol, sur les genoux, utilisation des glissés (slide guitar) familiers dans la musique blues, traitement électronique des sons et des rythmes, multiplication de boucles, échantillonneurs et pédales à portée des pieds.
Sa musique extrait la transe, ce groove commun à toutes les musiques noires américaines et lui en donne une traduction moderne : psychédélique, industrielle, noisy.
Le morceau choisi pour l'écoute par Frédéric est une version à la fois familière et méconnaissable d'un morceau de la grande figure du free jazz, Ornette Coleman, datant de 1959 : "lonely woman". On y retrouve à la fois l'hommage au répertoire, la quintessence musicale et la liberté d'interprétation. Ces ingrédients permettent de faire voler en éclat les conventions et de nous faire entendre, comme un clin d'œil de l'élève au maître, ce "something else" des grands improvisateurs.
Un artiste singulier à découvrir et surtout à ne pas rater lors de ses apparitions en concert.

Pour découvrir en ligne la musique de Greg Malcom, quatre morceaux
(dont "lonely woman") sont disponibles en libre écoute sur son site myspace, cliquer ici ou sur la pochette du CD.



Greg Malcom - album : "Homesick for nowhere", Metamkine 2003, au catalogue de la Médiathèque Départementale
titre écouté : "lovely woman" (standard d'Ornette Coleman tiré de l'album de 1957 : "the shape of jazz to come")


Place ensuite au hip hop dans une version très britannique avec le dernier disque de Mike Skinner alias "The Streets", intitulé "Computer and blues". Ce CD nous est présenté par Pierre-Yves, de la médiathèque de Chassieu.



Mike Skinner est un pur produit anglais. Originaire de Birmingham, une ville que nos voisins d'outre manche traversent en fantômes (comme les touristes notre tunnel sous Fourvière), âme et tête pensante du groupe, résident londonien, notre ami a réussi à construire un style de hip hop unique au fil de cinq albums.
Devisant dans une langue au fort accent cockney (accent issu de la classe ouvrière londonienne), Skinner/The Streets nous plongent au cœur du quotidien gris, pesant, aussi plat que le col de mousse d'une pinte de Guiness, des blanc becs prolétaires anglais. Cet ancrage populaire se double de multiples emprunts à la tradition pop de son pays, elle-même rattachée historiquement à la verve prolétaire urbaine.
Album à la production minimaliste, à l'image de ces prédécesseurs, "computer and blues" révèle une richesse inouïe de composition et de mélodie, sur fond de hip hop et de soul. Cet album est aussi le dernier du groupe puisque sa fin a été autoproclamée par le leader, désormais davantage attiré par des aventures artistiques plus cinématographiques.





titre écouté : "going through hell"
album : "computer and blues", Warner 2011, Médiathèque de Chassieu


Nous terminons cette aperçu musical par un retour à la musique du début du XXème siècle. Serge, bibliothécaire musical pour la Médiathèque Départementale sur le site de Limas nous propose de découvrir un disque intitulé "das Berliner Requiem", une production enregistrée sous la direction de Paul Hillier (un directeur d'ensemble, lui-même chanteur baryton).



Ce disque regroupe des œuvres de quatre compositeurs, Kurt Weill, Paul Hindemith, Darius Milhaud, Igor Stravinsky et, on l'aura compris, possède des allures de parcours croisé, "Paris-Berlin".
Mais on nous propose ici un voyage dans une musique composée peu après le premier conflit mondial. Et Serge nous explique que ces œuvres sont marquées par cette guerre meurtrière qui a brisé net l'élan artistique de la modernité et a ébranlé en profondeur les fondations de la société née de la Belle Epoque. Cette musique s'inscrit ainsi en rupture avec les héritages du XIXe siècle : distances prises avec l'impressionnisme français incarné par la figure de Claude Debussy ainsi que rupture avec le post-romantisme allemand.
Le morceau choisi par Serge, l'octuor de Stravinsky, nous ramène à Paris. Nous sommes loin cependant du scandale provoqué par la présentation du "sacre du printemps". Cette œuvre crée en 1923 pour des instruments à vent ( 1 flûte, 1 clarinette, 2 bassons, 2 trompettes, 2 trombones) surprend en effet par son néo-classicisme : attention accordée exclusivement à la forme musicale, donnée par le jeu et la variété des timbres apportés par chaque instrument.

Une autre interprétation, en images :



Berliner Requiem (Weill, Hindemith, Milhaud, Stravinsky)
sous la direction de Paul Hillier, Naïve 2009, au catalogue de la Médiathèque Départementale
titre écouté : octuor de Stravinsky

Le collectif vous donne rendez-vous dans quelques mois pour une prochaine sélection musicale.
L'intégralité des articles de la palette musique ici.