Face aux "vieux" groupes de cette époque, souvent mal connus à en juger le public un brin clairsemé de la veille, un petit rappel historique est nécessaire : originaire de Leeds, une ville peu riante du Nord industriel et à la notoriété musicale ne pouvant rivaliser avec Manchester au milieu des années 80, "The Wedding Present" a surpris son monde en sortant l'album "Georges Best" en 1987. Encensé par la puissante presse rock anglaise, marquant les esprits grâce à une pochette éminemment british (la photo du meneur de jeu de l'équipe de foot d'Angleterre vainqueur de la coupe du monde 1966, sur fond vert comme un dimanche après-midi) se démarquant des productions graphiques arty du rock indépendant (celles de la Factory ou de 4AD), des guitares caracolant en avant, une énergie punk, un désenchantement post-punk, ce premier album sonnait comme une synthèse et comme un signal pour repartir du bon pied au beau milieu des pâles années de la soupe MTV (et l'infâme M6 en France). Il était clair que "The Weeding Present" poursuivait l'œuvre de Morissey et pouvait prétendre à occuper la place laissée vacante par la séparation des Smiths. Par le ton et la mise en scène des valeurs rock anglaises cette musique allait faire le lien sans tarder avec l'explosion Britpop.
Car mal identifié, un peu trop en avance, "The Wedding Present" a malgré tout profité de l'engouement pour les groupes à guitares de la première moitié des années 90 et a rencontré le succès public en s'appuyant sur d'excellents disques comme "Bizarro" (1989). C'était la bonne époque où, comme tant d'autres groupes anglais, ils bénéficiaient du coup de pouce influent et bienveillant du grand découvreur de talent, le regretté John Peel sur la BBC.
Ensuite, le groupe a failli couler définitivement, donnant peu de nouvelles, avant un retour remarqué au milieu des années 2000 avec l'album "Take fountain", toujours sous la houlette de son leader David Gedge, unique rescapé des origines, l'histoire du groupe s'identifiant peu à peu totalement à cette personnalité attachante.
Hier soir, nous avons donc pu découvrir une formation hétéroclite rassemblée autour du songwriter anglais comme les membres d'une fratrie : amis, compagnons de route, "The Wedding Present", malgré son nom, ne milite pas pour l'union exclusive et David Gedge a su s'entourer de filles aussi jolies que bonnes musiciennes (le type doit gérer une agence de femmes bassistes, c'est sûr !). Le groupe joue quelques nouvelles compositions et s'amuse depuis plusieurs années à dépoussiérer d'anciens albums joués en intégralité dans une seconde partie du set. Pour les fans dont je fais partie, il ne s'agit pas de sombrer dans la nostalgie, mais plutôt d'un moment de complicité partagée entre copains, après une (déjà) longue route parcourue ensemble. Pour les plus jeunes, ce concert fut, je l'espère, l'occasion de découvrir un des ces groupes mythiques qui nous rendent l'Angleterre si indispensable.
"une agence de femmes bassistes", y'a d'l'idée ;o)
RépondreSupprimerAprès un détour sur La bUze, on se dit que l'épicerie moderne est vraiment "ze plaiss tou bi!"
RépondreSupprimerProchain bon concert Picou?
Pour moi ce sera le 1er décembre, concert des Swans. On se demande qui se cache derrière la BUze, blog fort bien documenté dans les musiques que j'aime bien. Merci d'avoir prévu un lien. Picou
RépondreSupprimerj'avoue, l'épicerie, je suis accro... et j'avoue avoir un peu foiré ma rentrée en loupant Shellac ...
RépondreSupprimermerci pour le compliment Picou !