samedi 16 juin 2012

Le Synopsis : Bande annonce du 29 mai

Et pour continuer le plaisir autour du cinéma, à l'avant dernière bande-annonce, on a parlé de cannes, de vampires et d'animaux aquatiques (requins et autres orques).

Commençons avec les vampires et le dernier Tim Burton,  Dark Shadows:

Synopsis : 1760. Le riche Barnabas Collins quitte l'Angleterre avec ses parents pour s'installer dans le Maine et y fondre un port de pêche. Après avoir fricoté avec la bonne qui a un nom à consonance française (Angélique Bouchard), il décide d'épouser Josette, jeune et innocente fille en fleur. Mais le malheureux ignore qu'il vient de jeter une sorcière jalouse avec des pouvoirs magiques. Elle fait sauter la jeune mariée du sommet d'une colline et, au moment où Barnabas se jette dans le vide, elle le transforme en vampire. Enterré dans un cercueil, il ne sera libéré en 1970 que pour constater la déchéance de sa famille: ruine de l'entreprise familiale, famille a bord de la crise de nerf, psy à demeure... Au milieu de ce chaos émerge un espoir : la nouvelle nounou de la famille ressemble trait pour trait à Josette...

Après un début plutôt réussi, le film sombre dans un enchainement de scènes à la gloire de Johnny Depp, en laissant de côté des pans entiers de l'histoire qui avaient été soulevés pour être abandonnés très vite. Quid de la relation entre le jeune David qui parle à sa mère morte et sa gouvernante qui souffre de la même bizarrerie? 
 
Donc, jusqu'aux 20 premières minutes du film, tout va bien. Burton introduit son histoire et ses personnages qu'il replace dans son univers si particulier avec la même maestria narrative que nous lui connaissions dans Edward aux mains d'argent ou Beetlejuice. La descendance loufoque, l'immersion dans les années 1970, des second rôles prometteurs (presque autant que les acteurs, Jonny Lee Miller en tête) tout semblait idéal.
Au réveil de Barnabas, Burton semble totalement délaisser le fil de son récit au profit de son acteur fétiche : jusqu'à la fin du film il ne se passe quasiment pas une scène sans que Johnny Depp en soit. Du coup, ses personnages secondaires si bien introduits (ainsi que leurs excellents interprètes) sont honteusement laissés à l'abandon.
Burton s'éternise dans des scènes qui apportent si peu à l'histoire (la soirée avec Alice Cooper) et les enchaine pour un résultat sans grande cohérence.
Eva Green en revanche dans le rôle d'Angélique Bouchard est excellente. Et ce sera là mon point positif du film.

Enchainons avec les requins (de la finance)...


Margin call, J. C. Chandor

Synopsis : Tout commence par des licenciements : des personnes sont appelées dans un bureau par des inconnues pour se voir signifier leur renvoi d'une banque d'investissements, sorte de Lehman Brothers. 80% des employés de l'étage seront renvoyés ce jour là, à tous les niveaux, des subalternes aux petits chefs. Eric Dale (Stanley Tucci) remet à son ancien employé, avant de quitter le bâtiment, une clé USB contenant des informations sur l'état de la banque et du marché en général. Il sent un gros problème sans pouvoir l'identifier. Peter Sullivan (Zachary Quinto) comprend au premier coup d'œil la gravité de la situation du marché et des finances de la banque. Durant une nuit de 2008, avant le krach boursier, l'information va remonter toutes les strates de la structure, jusqu'à son charismatique et cynique patron. Des décisions seront prises.

Dès les premières minutes du film, on est plongés dans une ambiance angoissante et malsaine. Dans cette scène d'ouverture sur les renvois des employés, Chandor réussit à créer un suspens causé non pas par une bombe prête à exploser mais par le sort de ces employés : qui sera renvoyé, qui restera... L'atmosphère est déjà belle et bien installée.

Le film est un quasi huis-clos : tout se passe durant une journée et une nuit dans cette banque. Cette mise en scène permet l'instauration d'une tension dramaturgique créée par l'ambiance nocturne et le compte à rebours qui a commencé à l'instant où la gravité de la situation a été comprise.
Chandor expliquera plus tard que le film est un huis-clos de nécessité : manque de moyens pour ce premier film où le réalisateur décrit plus qu'il ne dénonce des personnages s'enfoncer dans cette catastrophe dont ils comptent bien se sortir indemne. Les deux jeunes apprentis traders, seuls dans la boite à être capable de comprendre des colonnes de chiffres, ouvertement et principalement intéressés par l'argent (le premier ne parle que des salaires des patrons de la banque, le second, petit génie des chiffres, a préféré Wall Street et l'argent facile aux étoiles et la Nasa). Le petit patron au salaire déjà mirobolant qui préfère ignorer le ballet incessant des virés portant leur cartons dans les bras. Et que dire du « moyen patron » (Kevin Spacey) qui pleure à chaudes larmes la maladie de son chien avant de tenir un discours triomphant devant les 20% de la boîte qui n'ont pas perdu leur boulot. Cette finesse dans le traitement des (nombreux) personnages empêche Chandor de tomber dans le manichéisme et la caricature. Un premier essai plus que réussi.

Et dans la catégorie requin, continuons avec Cosmopolis de Cronenberg.



Synopsis : Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s'engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n'a qu'une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l'autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s'installe, et il assiste, impuissant, à l'effondrement de son empire. Il est aussi certain qu'on va l'assassiner. Quand ? Où ? Il s'apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

Tout ou presque se passe dans une limousine blanche : Packard tient à traverser la ville pour atteindre son coiffeur. Toujours calme et sûr de lui, l'homme le plus riche du monde regarde son monde tomber sans ciller. Il ne le regarde pas directement, mais à travers la fenêtre de sa limousine ou son écran de télé. Cronenberg rejoue la chute de l'empire romain chez les capitalistes. Adaptation d'un roman de Don De Lillo, le film a du mal à s'affranchir du texte original et à force de fidélité finit par en devenir verbeux. Sans doute est-ce cet aspect qui a poussé certains spectateurs à quitter la salle au milieu du film, perdus au milieu de ces longues conversations reprises quasiment telles quelles par rapport au roman. Esthétiquement parfait, tout comme son précédent (A dangerous method), Cronenberg réussit quelques belles scènes, mais signe finalement un film plutôt décevant.


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