jeudi 27 octobre 2011

Bande son 3.1

La bande son est de retour et c'est le rendez-vous (à nouveau) mensuel des amateurs de musique à la médiathèque. Cette séance de reprise a été organisée dans un bel esprit d'éclectisme, offrant une alternance de séquences présentées par les bibliothécaires et les usagers mélomanes : des nouveautés pop rock parmi les achats récents de la médiathèque par Pierre-Yves, l'Instant Métal présenté par Julien, "Serge on Serge" le rendez-vous de la chanson française proposé par...Serge, une échappée du côté du rnb et du hip hop emmenée par Morgan.

Le présent post offre un rapide éclairage sur les nouveautés pop rock parmi les disques récemment acquis par la médiathèque.
Je vous propose une sélection conçue comme un match amical Grande-Bretagne/USA, tant les groupes présentés pratiquent une musique ancrée dans des genres familiers de l'amateur rock : la pop brumeuse des bords de la Manche (Baxter Dury), celle plus nerveuse du côté de la Tamise ou du Mercy sound (Arctic Monkeys), le gros son neo-grounge (Cage the elephant), le blues revisité (Hell's kitchen... tiens des amis suisses !).
Enfin, Les Brigitte, le buzz du moment, un duo rafraichissant de pop façon 60s, 70s, venant intercaler un zeste de french flair entre les assauts de cette déferlante anglo-saxonne très très mâle, il faut l'admettre.

Titres écoutés durant la Bande Son :
  • Baxter Dury Claire
  • Hell's Kitchen The helper ; Leave and go home
  • Cage the elephant Aberdeen ; Shake me down
  • Arctic Monkeys Don't sit down 'cause I've moved your chair ; Library pictures (une lointaine dédicace aux bibliothèques ?)
  • Brigitte Battez-vous

Baxter Dury ; Claire ; album Happy soup, 2011, disponible à la médiathèque


Voici mon coup de cœur de la rentrée ! un disque construit autour d'un chapelet de mélodies pop simples, intimistes et stylées.
De sa musique, Baxter dit qu'elle serait une "pop des bords de mer", déclaration faisant écho aux titres de ses chansons, lesquelles évoquent tantôt les amours du petit matin à Brighton, les hôtels faisant face à la plage ("Claire", "Isabel", "leak at the disco", "picnic on the edge"), tantôt les ballades dans un Londres rendu immédiatement familier ("Hotel in Brixton", "afternoon").
Malgré son air juvénile, l'homme n'en est pas à son premier coup d'essai. Il a débuté sa carrière en 2002, vite considéré par la critique comme un génie méconnu - et l'avenir de son succès public confidentiel le démontrera. Fils de Ian Dury, le légendaire rocker londonien cité parmi les inventeurs du punk dans les brumes du pub-rock à la fin des année 70, Baxter travaille dans la discrétion et au rythme de ses envies : sans nouvelle de lui depuis 2005, la scène rock s'était peut-être un peu trop habitué à sa disparition. Il signe là son grand retour avec un beau disque, décalé et une sympathique posture de dandy des bas-fonds.




Hell's Kitchen ; Teachers, album Dress to dig, 2011, disponible à la médiathèque




Le trio qui suit ne fait pas dans la dentelle. Né dans les environs de Genève, il s'est très vite égaré dans un imbroglio sonore aussi enchevêtré que les bras du Mississipi. Alors, Hell's kitchen, un énième groupe de revival blues ? Et bien non, le trio exprime son allégeance au blues en utilisant massivement tous les ustensiles apte à produire du son authentique : couteaux, fourchettes, tout est bon pour renouer avec la spontanéité et l'énergie des origines. D'ailleurs Josh Homme, le gourou actuel du rock, ne déclare-t-il pas à propos de notre trio qu'il aurait "déclaptonisé" le blues ?
Leur musique assume aussi totalement la posture D.I.Y (Do it yourself) et une agressivité héritée du punk que l'on pouvait apprécier en leur temps chez Nick Cave, 16 Horsepower ou plus sûrement chez John Spencer blues explosion.
Un disque produit avec l'aide de Rodolphe Burger (ex Kat Onoma) chez Dixiefrog, le label français qui dépoussière le blues et à écouter fort (play it loud !). U
n groupe à ne surtout pas rater quand il s'annonce en concert près de chez nous.




Cage the elephant ; Aberdeen ; album Thank happy birthday, 2011, disponible à la médiathèque


Il est parfois difficile d'admettre que les 90s, grande décennie du rock indépendant américain, sont désormais de l'histoire ancienne. Et il suffit de s'en convaincre en regardant quelques clips : malgré une excellente forme musicale, il est devenu malaisé pour les Dinosaur Jr, Pavement, Sonic Youth et consorts, de passer pour d'éternels adolescents auprès du public.
Cependant, des groupes de chevelus juvéniles, presque de l'âge de leur progéniture, poursuivent l’œuvre musicale entreprise par ces glorieux ainés. Avec leur dernier disque intitulé "Thank happy birthday", le groupe américain Cage the Elephant assure ainsi parfaitement la transmission de cet alliage si précieux de la mélodie et du gros son, du folk rock allié au psychédélisme des 60s et de l'esprit punk, fusion qui fut la marque de fabrique du grounge et de l'indie rock américain. C'est donc ici le retour des guitares au gros son bien devant, des alternances ballades et speed noisy, des attaques en règles de la structure couplet refrain, des échappées sonores et sous produit des teenagers rouillant dans l'avenir tracé des banlieues résidentielles. Mais avec un pédigrée pareil, quels parents ont-ils eu : grounge ou hippie ? on se sait plus, à force.
Personnellement, j'ai un faible pour le single "Aberdeen"...et la pâte à modeler, mon revival à moi :



Arctic Monkeys ; "Don't sit down 'cause I've moved your chair" ; album Suck it and see, 2011, disponible à la médiathèque



L'album "Suck it and see" est le quatrième des compères de Sheffield depuis leurs débuts en 2002. Il est déjà la preuve d'un besoin de longévité exprimé par le groupe d'Alex Turner, ce dernier ménageant peut-être sa monture en développant ici un projet pop fantastique avec Miles Keane (son album solo fut l'objet d'une présentation lors d'une précédente bande son) au sein des "last shadow puppets", là quelques visites en Californie ou dans le désert du Nevada chez le pote Josh Homme (oui, encore lui...).
En bref, Arctic Monkeys produit toujours de la pop, cet album en est témoin, mais le son du groupe évolue toujours entre les USA et les racines britanniques . Le résultat est éclectique, manquant parfois de liant. Cependant, il contient son lot de pépites pop qui nous font sauter dans le premier Eurostar ... témoin le titre "the hellcat spangled shalalala" au refrain et aux guitares comme exhumées d'une vieille demo des Smiths ou de Echo & the Bunnymen ; et des morceaux plus rudes, développant ce que laissait entrevoir le précédent album, "Humbug".
Alors, font-ils le boulot ou produisent-ils l'album de la maturité ? A vous de juger.
Les échos provenant de leurs prestations scéniques de cet été (aux Nuits de Fourvière notamment) laissent penser que la bande à Alex Turner n'a rien perdu de sa fougue.






Brigitte ; "Battez-vous" ; album Et vous, tu m'aimes, 2011, disponible à la médiathèque

Un passage par la brocante musicale du duo hype "Brigitte" m'a paru une jolie manière de clore le volet nouveautés de cette première bande-son.
Prenant comme prénom de groupe une référence aux 3B des années 60-70, Brigitte Bardot, Brigitte Fontaine et Brigitte Lahaie, nos deux égéries pop, l'une brune (Sylvie Hoarau), l'autre blonde (Aurélie Maggiori), et aux fringues néo-hippies ressuscitent l'esthétique de la pop française que l'on aime bien ici : décalée, stylée et sublimement érotique. A l'image des 3B CQFD

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