mardi 10 avril 2012

Le synopsis Acte II : Bande Annonce du 13 mars

On continue ce tour d'horizon des sorties ciné/dvd de cet hiver avec La Taupe de Tomas Alfredson.

On est en 1973, en Angleterre, en pleine guerre froide. On a la certitude qu'il y a une taupe au MI6, les services secrets britanniques. Une mission est menée par le patron du MI6, surnommé Control (John Hurt). Elle consistait à envoyer un agent en Hongrie rencontrer un homme disant connaître l'identité de la taupe. Cette mission se solde par un échec, l'agent est abattu, ainsi que de nombreux civiles aux alentours. Cet échec marque le renvoi de Control et de son second, Smiley (Gary Oldman). Mais, quelques temps après la mort de Control, le gouvernement réengage secrètement Smiley afin qu'il démasque la taupe de l'extérieur. Pour ce travail, on lui octroie les services d'un jeune agent, Peter Guillam (Benedict Cumberbatch).
Ce qui frappe tout d'abord dans le film, c'est l'ambiance clairement définie par le réalisateur dans les 8 premières minutes du film. Il utilise un générique long et lent, une monstrueuse musique, où l'on suit la sortie de Smiley du bâtiment occupé par le MI6 surnommé le Circus. Il dévoile un lieu extrêmement laid dans des tonalités de gris, orange et kaki. Ce générique nous montre aussi une organisation figée, chaque agent à sa place, à sa tâche. Comme si le réalisateur tenait à détruire tout net et le plus vite possible les images glamour que le spectateur peut avoir du monde des services secrets.
Du coup, vous l'aurez compris, il ne faut surtout pas aller voir ce film si l'on s'attend à une enquête à la Jason Bourne ou James Bond. Ici, peu ou pas d'action, mais une organisation décortiquée, des personnages compliqués. L'enquête de Smiley ressemble plus à un jeu d'échec, où il décide des pions à sacrifier afin d'atteindre la pièce maîtresse.
Le film est construit sur une succession de flash back revenant sur une soirée de noël organisée par le MI6. Primordiale, le réalisateur la sème au fil de son récit, et nous dévoile peu à peu par ce biais les personnalités de ses héros.
On retiendra un film d'espionnage tout en finesse, et avant tout une ambiance. Si, à la fin du film, vous n'avez pas tout saisi, c'est plus que normal. Le récit est constitué de plein de fils emmêlés.
On retiendra aussi l'une des meilleures distributions de ces dernières années, Ocean's eleven peut aller se rhabiller. Colin Firth qui renoue avec les bons rôles après des années de mauvais films (bon, peut-être à part A Single Man), Gary Oldman tout en retenue, Mark Strong qui confirme sa place bien ancrée dans les bons seconds rôles, et aussi une pléiade d'acteurs anglais pas forcément très connus, mais parfait. Parmi ceux-ci, mention spéciale à Benedict Cumberbatch, le meilleur interprète de Sherlock Holmes de tous les temps (oui, oui, rien que ça!), ici en idéaliste qui apprend le douloureux métier au contact de Smiley.



Et maintenant, parlons mammifères, parlons ruminants, parlons vaches.
Morgan nous a brillamment présenté le documentaire Bovines ou la vraie vie des vaches d'Emmanuel Gras.

Synopsis : Dans les champs, on les voit, étendues dans l'herbe ou broutant paisiblement. Grosses bêtes placides que l'on croit connaître parce que ce sont des animaux d'élevage. Lions, gorilles, ours ont toute notre attention, mais a-t-on jamais vraiment regardé des vaches ? S'est-on demandé ce qu'elles faisaient de leurs journées ? Que font-elles quand un orage passe ? Lorsque le soleil revient ? A quoi pensent-elles lorsqu'elles se tiennent immobiles, semblant contempler le vide ? Mais, au fait, pensent-elles ? Au rythme de l'animal, au milieu d'un troupeau, "Bovines" raconte la vie des vaches, la vraie.

Voici donc le programme : un peu plus d'une heure, dans une salle obscure, à regarder paître des vaches. Face à ce défi limite incommensurable, le réalisateur fait apparaître cet animal tout en grâce et en majesté. On regarde ces vaches manger, dormir, meugler, et tout cela en prenant le temps.

Le réalisateur a fait le choix de plans serrés, l'homme est peu présent dans la narration, et lorsqu'il apparait, le film bascule peut-être trop dans le jugement hautain du citadin sur le monde agricole. Emmanuel Gras a aussi choisi de se concentrer sur les bruits : le son de l'herbe arrachée, de la langue sur une oreille, rien ne nous échappe.

On conclut avec le grand Clint et son biopic sur J. Edgar Hoover.

J. Edgar relate comme son nom l'indique la vie de J. Edgar Hoover, premier directeur du FBI, de 1924 à sa mort et sous huit présidents.
Synopsis : Par un jeu d'allers-retours entre ses dernières années, où il dicte ses mémoires à de jeunes et beaux agents du FBI, et ses débuts à Washington puis sa carrière tout entière, le film retrace à travers l'évocation d'Hoover la création du FBI ainsi que certains grands évènements de l'histoire des États-Unis, comme la panique face au communisme au lendemain de la révolution russe, l'enlèvement du bébé de Charles Lindberg, la guerre contre les gangsters populaires des années 30. Mais il ne tombe pas dans le grand défaut de certains biopics qui ont tendance à prendre pour prétexte l'évocation de la vie d'un personnage pour faire un film historique et rendre le personnage principal pauvre.
Au contraire, ici, Eastwood n'a quasiment d'yeux que pour son personnage : Hoover est disséqué depuis ses jeunes années, fraichement diplômé, jusqu'à sa mort au pied de son lit, vieux, fatigué et paranoïaque à souhait.
Eastwood étonne par le thème mais pas par la façon de faire : du Clint Eastwood tout craché, classique, léché, maitrisé, malgré la narration non linéaire qu'il parvient à rendre compréhensible, voire même logique.
Là où il étonne, c'est donc par le choix du personnage traité, controversé s'il en est : un homme sans scrupule, pour qui la fin justifie les moyens (les fichiers secrets qu'il tenait sur les personnalités).
Il est sans concession pour son sujet : penchants racistes, paranoïa, mensonges, le Hoover de Eastwood n'est certainement pas un héros de l'Amérique, même s'il aura tenté durant toute sa vie d'en donner l'illusion.
On peut lui être reconnaissant d'avoir traité avec tact la partie de la "légende" qui voulait que Hoover porte des robes. Sans éluder cet aspect de son personnage, il le filme de manière pudique et respectueuse.
Pourtant, il y a des manques dans l'histoire : la chasse aux sorcières n'est pas vraiment traitée (même si l'obsession de Hoover pour le communisme a une part importante dans l'histoire), et surtout ses liens supposés avec la mafia.
Eastwood étonne enfin par la finesse et la douceur avec laquelle il traite la presque histoire d'amour entre Hoover et Clyde Tolson, son bras droit et supposé amant.

C'est tout pour cette fois, à bientôt!

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