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mardi 12 mai 2009

Wovenhand à l'Epicerie Moderne

Un crépuscule incantatoire, bientôt rejoint par un remake du film la nuit du chasseur, est tombé hier sur l’Epicerie Moderne de Feyzin. Au pays de la raffinerie et de la torchère qui brûle jour comme nuit, nous étions prêts à laisser en pâture nos âmes de pêcheur et nous laisser toucher par la grâce et le talent de David Eugene Edwards, fondateur du groupe Wovenhand, chanteur guitariste et personnage charismatique, ancienne « tête priante » de feu 16 Horsepower.



Soulignons que le public avait été bien préparé en première partie par un certain Delaney Davidson, homme-orchestre œuvrant pour la déconstruction et reconstruction du rock’n roll des origines… Difficile par moment, de ne pas apercevoir la main du fantôme de Johnny Cash posée sur l’épaule de notre homme : « vas-y mon Buddy, continues mon œuvre et celle de père Elvis ». Son premier exploit fut de faire lever le public de l’Epicerie - parfois pas très - moderne, les fesses plombées par les soirées folks et une gestion aberrante des gradins, dans l’attente de cars entiers de vieillards et d’abonnés.

David Eugène Edwards (DEE….) s’est présenté dans une formule trio, accompagné notamment du bassiste français Pascal Humbert, fidèle compagnon du Horsepower, que les plus âgés ont pu apercevoir dans les années 80, officiant aux côtés de Théo Hakkola dans Passion Fodder. En visitant un domaine des plus rustiques à la base, rock’n roll des fifties, country-rock, reprenant en passant le flambeau dark et punk-rock des Bad Seeds première période, en incluant des airs traditionnels et des chants indiens, le trio nous a immergé, comme au cours d’un baptême dans les eaux du Mississipi, dans le grand melting pot de la musique américaine. Et réduire les histoires d’Eugène Edwards aux visions torturées d’un dévot mystique ne serait pas rendre honneur à l’énergie rock’n rollienne qui le soutient encore et toujours, la preuve en fut faite avec ce concert flamboyant. Mais à l’image d’un Johnny Cash, d’un Nick Cave ou Gordon Gano des Violent Femmes, David Eugene Edwards utilise aussi sa musique pour renouer avec le mysticisme de son pays, inséparable de cette musique née dans les églises, prospérant dans les bouteilles de whisky, la luxure, sur les décharges de notre culpabilité, ne s’éteignant pas même avec les enterrements, bien au contraire. Cet univers gothique nous renvoie à la frénésie de la ruée vers l’or, des villes naissantes, de l’ouest conquis par le fer, dans la boue et la sueur des chevaux, des hommes malades, se consumant de l’intérieur : une musique sombre et brillante, tirée dans les profondeurs par l’attelage basse-batterie, élevée vers les hauteurs par la réverbération, du chant, des guitares, des cymbales, par les arpèges répétitifs et les accords glissés, mise sous tension par les innombrables larsen. Une musique religieuse, au pays de la laïcité pure et dure…une nuit américaine.

Le site myspace de Woven Hand : http://www.myspace.com/wovenhand

Delaney Davidson : www.myspace.com/delaneyfdavidson