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lundi 2 mai 2011

palette musique - Seconde partie

... Poursuivons notre exploration de cette Palette musicale avec Frédéric Darricades, bibliothécaire musical pour la Médiathèque Départementale sur le site de Bron.
Ce dernier nous fait découvrir Greg Malcom, un artiste neo-zélandais qui situe sa musique entre le folk et l'expérimentation.



La posture de jeu de cet artiste dévoile ses intentions : guitare au sol, sur les genoux, utilisation des glissés (slide guitar) familiers dans la musique blues, traitement électronique des sons et des rythmes, multiplication de boucles, échantillonneurs et pédales à portée des pieds.
Sa musique extrait la transe, ce groove commun à toutes les musiques noires américaines et lui en donne une traduction moderne : psychédélique, industrielle, noisy.
Le morceau choisi pour l'écoute par Frédéric est une version à la fois familière et méconnaissable d'un morceau de la grande figure du free jazz, Ornette Coleman, datant de 1959 : "lonely woman". On y retrouve à la fois l'hommage au répertoire, la quintessence musicale et la liberté d'interprétation. Ces ingrédients permettent de faire voler en éclat les conventions et de nous faire entendre, comme un clin d'œil de l'élève au maître, ce "something else" des grands improvisateurs.
Un artiste singulier à découvrir et surtout à ne pas rater lors de ses apparitions en concert.

Pour découvrir en ligne la musique de Greg Malcom, quatre morceaux
(dont "lonely woman") sont disponibles en libre écoute sur son site myspace, cliquer ici ou sur la pochette du CD.



Greg Malcom - album : "Homesick for nowhere", Metamkine 2003, au catalogue de la Médiathèque Départementale
titre écouté : "lovely woman" (standard d'Ornette Coleman tiré de l'album de 1957 : "the shape of jazz to come")


Place ensuite au hip hop dans une version très britannique avec le dernier disque de Mike Skinner alias "The Streets", intitulé "Computer and blues". Ce CD nous est présenté par Pierre-Yves, de la médiathèque de Chassieu.



Mike Skinner est un pur produit anglais. Originaire de Birmingham, une ville que nos voisins d'outre manche traversent en fantômes (comme les touristes notre tunnel sous Fourvière), âme et tête pensante du groupe, résident londonien, notre ami a réussi à construire un style de hip hop unique au fil de cinq albums.
Devisant dans une langue au fort accent cockney (accent issu de la classe ouvrière londonienne), Skinner/The Streets nous plongent au cœur du quotidien gris, pesant, aussi plat que le col de mousse d'une pinte de Guiness, des blanc becs prolétaires anglais. Cet ancrage populaire se double de multiples emprunts à la tradition pop de son pays, elle-même rattachée historiquement à la verve prolétaire urbaine.
Album à la production minimaliste, à l'image de ces prédécesseurs, "computer and blues" révèle une richesse inouïe de composition et de mélodie, sur fond de hip hop et de soul. Cet album est aussi le dernier du groupe puisque sa fin a été autoproclamée par le leader, désormais davantage attiré par des aventures artistiques plus cinématographiques.





titre écouté : "going through hell"
album : "computer and blues", Warner 2011, Médiathèque de Chassieu


Nous terminons cette aperçu musical par un retour à la musique du début du XXème siècle. Serge, bibliothécaire musical pour la Médiathèque Départementale sur le site de Limas nous propose de découvrir un disque intitulé "das Berliner Requiem", une production enregistrée sous la direction de Paul Hillier (un directeur d'ensemble, lui-même chanteur baryton).



Ce disque regroupe des œuvres de quatre compositeurs, Kurt Weill, Paul Hindemith, Darius Milhaud, Igor Stravinsky et, on l'aura compris, possède des allures de parcours croisé, "Paris-Berlin".
Mais on nous propose ici un voyage dans une musique composée peu après le premier conflit mondial. Et Serge nous explique que ces œuvres sont marquées par cette guerre meurtrière qui a brisé net l'élan artistique de la modernité et a ébranlé en profondeur les fondations de la société née de la Belle Epoque. Cette musique s'inscrit ainsi en rupture avec les héritages du XIXe siècle : distances prises avec l'impressionnisme français incarné par la figure de Claude Debussy ainsi que rupture avec le post-romantisme allemand.
Le morceau choisi par Serge, l'octuor de Stravinsky, nous ramène à Paris. Nous sommes loin cependant du scandale provoqué par la présentation du "sacre du printemps". Cette œuvre crée en 1923 pour des instruments à vent ( 1 flûte, 1 clarinette, 2 bassons, 2 trompettes, 2 trombones) surprend en effet par son néo-classicisme : attention accordée exclusivement à la forme musicale, donnée par le jeu et la variété des timbres apportés par chaque instrument.

Une autre interprétation, en images :



Berliner Requiem (Weill, Hindemith, Milhaud, Stravinsky)
sous la direction de Paul Hillier, Naïve 2009, au catalogue de la Médiathèque Départementale
titre écouté : octuor de Stravinsky

Le collectif vous donne rendez-vous dans quelques mois pour une prochaine sélection musicale.
L'intégralité des articles de la palette musique ici.

mardi 12 avril 2011

Palette musique - Première partie

PALETTE MUSIQUE est une toute nouvelle rubrique, un retour en son et en images sur les échanges autour de la musique entre bibliothécaires du réseau de la Médiathèque départementale du Rhône.
Ce premier rendez-vous s'est déroulé jeudi 31 mars sur le site de Limas et les présents se sont déplacés en compagnie de quelques CD, autant de titres à offrir en partage et en écoute.
Je vous livre ici sur le blog un compte-rendu de cette rencontre car la médiathèque de Chassieu fait elle-même partie du réseau départemental. A ce titre, nous espérons que nous participerons ainsi à un partage des ressources.

Il ne m'a pas toujours été possible d'illustrer cette playlist à l'aide de vidéos, en particulier pour les morceaux classiques. Cependant, je livre ici les références et les pochettes de disques, toutes informations utiles pour d'ores et déjà réserver sur le site de la médiathèque du Rhône ces disques inédits pour les uns ou redécouvertes pour les autres.


En nous faisant découvrir Mokaiesh (qui signe également Cyril Mokaiesh), Joëlle de la médiathèque de Tarare a pris le parti d'un rock français intégrant l'héritage de Léo Ferré, d'un rock attaché au texte, aux mots cinglants des écorchés vifs. Si un premier contact convoque les glorieux aînés, une écoute plus attentive révèle toute l'énergie et l'inspiration de cet artiste à découvrir sans tarder et qui risque de se tailler rapidement une place de choix parmi les meilleurs artistes de la scène française.




Titre écouté : "Va savoir" de l'album Mokaiesch (2008)




un autre titre, "comme elle est belle", pour apprécier ce clip en noir et blanc, recourant amplement à technique de la pixilation :



et enfin, quelques références web supplémentaires :
http://www.cyrilmokaiesh.com/
http://www.myspace.com/mokaiesh

Avec les années 2000, le public a assisté au retour en force de la musique folk. Nombreux aux Etats-Unis, des groupes talentueux ont également émergé en France, revendiquant un goût prononcé pour le répertoire le plus traditionnel (folk et blues), une utilisation exclusive d'instruments acoustiques et une culture musicale américaine totalement assumée.
Le groupe Moriarty présenté par Anne, de la médiathèque de Châtillon d'Azergues, est l'un de ceux qui ont rencontré le plus grand succès public en France, grâce à un premier album mémorable intitulé "Gee whiz but this is a lonesome town" (2008) et au rythme effréné de concerts parait-il qui lui fit suite. Leur second et très attendu album, "The missing room", totalement autoproduit et hors des circuits commerciaux classiques, est sorti le mois dernier.


Soulignons pour finir que Moriarty est un groupe franco-américain, qualité bien utile quand il s'agit très tôt de goûter l'air des grands espaces de l'Americana. Mais place au morceau "Jimmy" proposé en écoute par Anne :





et pour d'autres aventures web :
http://www.myspace.com/moriartylands


On monte d'un ton et de quelques décibels avec Marie-Pierre de la bibliothèque de Chazay d'Azergues qui a choisi de revenir sur un album phare de la pop musique américaine datant de 2009 : "21st century break down" du groupe californien Green Day.


Green Day, ce sont un peu les U2 de la génération Grunge. Formé en 1988, le groupe rencontre en effet un succès planétaire avec l'album "Dookie" dès 1994. Le groupe s'oriente au tournant du siècle vers la composition de concept-albums revendicatifs et critiques à l'égard des dérives de la société américaine et de ses gouvernants. On se souvient notamment d'"American idiot", encore un énorme succès.
Marie-Pierre nous explique que l'album "21st century breakdown" s'inscrit dans cette continuité, tout en épousant la forme de plus en plus narrative et théâtrale de l'opéra rock. Le morceau présenté à l'écoute, et qui donne son titre à l'album, en est la parfaite illustration : thèmes multiples , mélodies alternant entre un son punk, l'horizon original du groupe, et des mélodies plus glam. De l'avis des critiques, ce disque est une authentique réussite, un trait d'union assumé entre les teenagers contemporains et "Tommy" des Who ou bien "A night at the opera" de Queen. L'album nous fournit la preuve que Green Day possède cette capacité rare des groupes planétaires à se renouveler. Cette attirance théâtrale a été confirmée récemment par l'investissement de Green Day dans l'adaptation et une mise en scène de "21st century breakdown" à Broadway.




Même si nous rompons franchement avec l'univers musical de Green Day, nous terminons cette première partie par un disque théâtral et grandiose, complétement influencé en son temps par la pop culture : la Messe de Léonard Bernstein, présentée par Jacques, bénévole à la bibliothèque de Limas.
Cette œuvre, crée en 1971 à Washington, a été conçue comme une œuvre d'art totale, un immense assemblage de musiques empruntant à tous les répertoires, classique, contemporain, blues, rock, gospel, swing, latino, grégorien, klezmer, un melting pot américain transposé dans le monde du créateur de West side story.
Certes, cette composition épouse la forme liturgique de la messe et ses différentes parties mais elle s'en éloigne aussi, en célébrant davantage l'idéal démocratique américain (elle est dédiée à JF Kennedy), une certaine idée de la culture à l'heure où, lors de sa présentation, l'US Air force bombardait encore le Vietnam.
Voici donc une création d'anthologie ancrée dans le dernier tiers du XXème siècle, une œuvre multiple et monstrueuse, un casse-tête de mise en scène musicale très certainement pour les directeurs d'orchestre.
La version présentée par Jacques est parue chez Harmonia Mundi en 2004 et interprétée sous la direction de Kent Nagano.


titres écoutés :
Devotions before Mass: Antiphon: Kyrie eleison (Pre-recorded Tape No. 1)
Devotions before Mass: Hymn and Psalm: ‘A Simple Song’
Devotions before Mass: Responsory: Alleluia (Pre-recorded Tape No. 2)


Et cette interprétation filmée :



Suite et fin de notre rubrique dans quelques jours ...